Origines du conte
Le Petit Chaperon rouge est un conte de la tradition populaire, qui a
connu de nombreuses versions au cours de l’histoire. Il s’agit à l'origine d’un
récit pour enfant, mais qui contient des thèmes ayant trait à la sexualité, à la violence et au cannibalisme. Le conte oppose, dans une convention
toute médiévale, l’univers sûr du village aux dangers de la forêt, même si
aucune version écrite ne remonte à cette époque. C'est d'ailleurs du Moyen-Âge
que le Petit Chaperon tient sa couleur rouge : en effet, les trois couleurs dominantes à cette
époque étaient le rouge, le blanc et le noir. Si le loup est noir et que le
beurre blanc, il fallait donc que l'héroïne fût rouge [1].
On retrouve trace de l’histoire dans la tradition orale de nombreux pays
d’Europe, sous différentes versions, antérieures au XVIIe siècle. Les paysans français racontaient l’histoire
dès le XIe siècle. L'une des versions orales du conte nous est
connue, mais elle est l'une des plus sanglantes : le Loup, arrivé chez la
Mère-grand, la dévore en en gardant toutefois un peu de côté, et prend sa place.
La petite fille arrive et, ne se doutant de rien, obéit à la fausse grand-mère
lui disant de manger un peu de viande et de boire un peu de vin, en fait la
chair et le sang de l'aïeule (la petite fille s'interrogerait même quant aux
dents présentes dans la chair, question à laquelle le Loup lui répondrait qu'il
s'agit de haricots).
Dans la version italienne de La Finta Nonna (La Grand-mère), la
petite fille l’emporte sur le Loup
grâce à sa propre ruse, sans l’aide d’un homme
ou d’une femme plus âgée. Le chasseur, personnage
ajouté ultérieurement, limite l’héroïne
à un rôle plus passif. Certains y verront la
volonté de maintenir les femmes « à leur
place », dépendante de l’aide d’un homme
fort.
La version écrite la plus ancienne est celle de Charles Perrault, parue dans
Les Contes de ma Mère l’Oye en 1697.
Cette version sera plus malheureuse et moralisatrice que celles qui suivront.
L’héroïne en est une jeune fille bien élevée, la plus jolie du village, qui
court à sa perte en donnant au loup qu’elle rencontre dans la forêt les
indications nécessaires pour trouver la maison de sa grand-mère. Ce dernier
mange la vieille dame en se cachant des bûcherons qui travaillent dans la forêt
voisine. Il tend ensuite un piège au Petit Chaperon rouge et finit par la
manger. L’histoire en finit là, sur la victoire du loup. Pas de fin heureuse pour
l’héroïne, la morale de Perrault est sans appel.
Au XIXe siècle, deux versions distinctes furent rapportées à
Jakob Grimm et son frère Wilhelm (les fameux frères Grimm) : la première par Jeanette
Hassenpflug (1791–1860) et la seconde par Marie Hassenpflug (1788–1856). Les deux
frères firent de la première version l’histoire principale et de la seconde une
suite. L’histoire de Rotkäppchen (La Capuche Rouge) parut dans la
première édition de leur collection Kinder- und Hausmärchen (Contes
des Enfants et du Foyer, 1812)). Dans
cette version, la fillette et sa grand-mère sont sauvées par un chasseur pistant
le
Loup. La suite montre la fillette et sa grand-mère piégeant et tuant un
autre loup, anticipant ses gestes grâce à l’expérience acquise au cours de la
première histoire.
Les frères Grimm modifièrent l’histoire dans les éditions postérieures,
jusqu’à atteindre la version la plus connue dans l’édition de 1857. Cette version édulcorée, largement répandue, raconte
l’histoire d’une petite fille qui traverse la forêt pour apporter une galette,
un pot de beurre et de la confiture à sa grand-mère. En chemin, la fillette fait
la rencontre d’un loup, qui la piège à la fin et la dévore elle et sa
grand-mère. Un chasseur vient néanmoins pour les sauver en ouvrant le ventre du
Loup. Le Petit Chaperon rouge et sa
grand-mère en sortent saines et sauves.
Le thème du personnage mangé par le Loup et sorti du ventre renvoie
au conte de Pierre et le Loup.
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